• 5 titres du menu Gourmet du Bibliodéfi 2013

     

     Du 13 au 17 avril prochain, la bibliothèque organise un concours de lecture.

    64 jours chrono pour les participants, avec pour mission, pour les adultes, de dire quel est le livre préféré de la sélection de la catégorie où ils concourent et de motiver ce choix.

     

     

    • Menu Mise en bouche, avec deux ouvrages Marcus et Bon rétablissement
    • Menu Dégustation, avec trois ouvrages Les arbres ne montent pas jusqu'au ciel, Souviens-toi Leah et Un concours de circonstance
    • Menu Gourmet, avec les cinq ouvrages

    Pour cet article, je vais aller au delà de la consigne et vous donner mon classement.

    N° 1 : Souviens-toi Leah ! de Yael HASSAN (Folies d'encre - 01/10/2005 - ISBN : 2 907 337 03- 160 pages)

    Ce court roman, lauréat du concours 2005-2006 du prix littéraire des lycéens et apprentis de la région PACA, est mon préféré.

    5 titres du menu Gourmet du Bibliodéfi 2013                   5 titres du menu Gourmet du Bibliodéfi 2013

    Parce que le sujet est grave et recueillera donc sans doute moins de suffrages.

    Parce que j'ai toujours été interpellée par l'énigme de la Shoah et soucieuse de comprendre.

    Parce que même quand on croit avoir tout lu : des classiques comme Primo Levi, à ceux consacrés à la libération des camps de concentration (de Christian Bernadac), il y a toujours des "découvertes" car les cours d'histoire n'entrent pas dans tous les détails ... Et notamment ceux relatifs aux à ces juives allemandes sélectionnées pour les bordels des camps.

    Enfin, parce qu'à travers les destins croisés de 4 personnages il nous interroge sur l'après guerre. Il y a :

    • Simon Stern, le mari de Leah, médecin resté caché à Paris pendant la guerre par ses voisins les Roux. Qui après guerre descend à Nice avec celle qui se fait passer pour sa femme (Edith Schwartz) avant de ne revenir en région parisienne comme responsable d'un centre d'accueil pour orphelins de la Shoah.
    • Leah Stern, infirmière, déportée à Auschwitz et sélectionnée pour les baraquements roses. Où il faut sourire et feindre le plaisir pour sauver sa peau. Leah, qui ne peut concevoir de renouer avec le fil de son ancienne vie à la libération et donne son identité à une de ses consoeurs d'infortune, Edith Schwartz, qu'elle pense vouée à la mort. Leah qui fait le choix de partir en Israel, dans un khiboutz où elle renaît à l'amour grâce à Yair.
    • Edith Schwartz, rendue muette par l'expérience des camps et désormais Leah Stern. Que le docteur feint de reconnaître comme son épouse. Edith qui finit par se suicider à Nice après la visite de Leah.
    • Jakob Wiener, devenu Yair dans le khiboutz où ses parents allemands, amis des parents de Leah, l'ont envoyé quand ils ont compris la dangerosité d'Hitler et de son idéologie.

     Merci à Yael HASSAN d'avoir posé ces questions de la reconstruction douloureuse des survivants, qu'ils aient connu les camps (Leah Stern et Edith Schwartz) ou y aient échappé (Yair et Simon Stern) :

    • comment donner un sens à sa vie quand on a perdu des proches dans les camps (les deux enfants des Stern, les parents de Yair ...) ?
    • comment revivre quand la chair est si meurtrie, le besoin de parler si fort et que personne ne veut ni ne peut entendre (les deux femmes) ?
    • quel sens donner à sa vie ?
    • comment croire de nouveau en l'amour ?
    • peut-on mentir, changer d'identité pour oser renaître ?

    Interpellations d'autant plus cruciales me semble-t-il à l'heure où de jeunes israéliens se font tatouer les numéros de matricule que portaient leurs parents déportés dans les camps de concentration.

    N° 2 : Marcus de Pierre CHAZAL (ALMA Editeurs - 16 août 2012 - ISBN : 2362790371 - 330 pages)

     Coup de coeur des libraires Cultura, Marcus fait partie de la sélection Talents à découvrir 2012.

    5 titres du menu Gourmet du Bibliodéfi 2013C'est l'histoire d'un trentenaire, Pierre, et de sa bande de ch'ti potes. Pierre qui vend des légumes sur les marchés de la région lilloise. Et recueille, après le suicide de son amie / aimée Hélène Marcus, le fils de cette dernière (10 ans).

    Et puis l'ancienne amie toxico d'Hélène, qui gardait Marcus dans leur squat, qui vient assurer le pôle féminin du foyer après sa longue cure de désintoxication.

    Pierre qui connaît la prison car son père est tombé de son balcon suite à une violente bagarre entre eux deux le jour où ce dernier lui apprend être le père de Marcus.

    Le livre se lit bien, et est parsemé de mots typiquement ch'tis (au hasard, le brin) qui étonnent tant les non régionaux quand ils arrivent dans la région. On aimerait juste connaître le verdict du procès. 

    Des personnages dans la veine de ceux qui inspirent le cinéaste Ken Loach, attachants et qui se coltinent à la vie en retroussant leurs manches.

    N° 3 : Bon rétablissement de Marie-Sabine ROGER (Editions du Rouergue - 10 mars 2012 - ISBN : 2812603496 - 205 pages)

    5 titres du menu Gourmet du Bibliodéfi 2013

     Ce prix des lecteurs de L'express dans le cru 2012 met en avant une littérature accessible, qui parle des gens "comme vous est moi" et de leur quotidien, le tout avec un vocabulaire parfois fleuri, ou très imagé. Il se dégage beaucoup d'affection pour les personnages principaux :

    • le malheureux Jean-Pierre, bien sûr, cloué sur son lit d'hôpital où il apprend l'humanité et se bonifie,
    • l'étudiant homosexuel contraint à tapiner pour se payer ses études, Camille, qui a repêché Jean-Pierre lors de son accident,
    • le policier qui continue de le visiter pour poursuivre le lien avec son père décédé,
    • l'ado de 14 ans enceinte ...

      .

     N° 4 : Un concours de circonstances de Amy WALDMAN (Editions de l'Olivier - juin 2012 - ISBN : 978 2 87929 647 0 - 401 pages)

    Distingué comme meilleur premier roman étranger 2012 par la revue "Lire", Un concours de circonstances nous entraîne dans l'Amérique post 11 septembre 2001. Et s'interroge, par le biais d'une fiction, sur les conséquences de ce mardi noir sur tous les citoyens américains, des clandestins à la gouverneure, en passant par les familles de victimes et autres lobbys.

    La trame du roman est la suivante : un jury est chargé de sélectionner le projet de mémorial. Mais oh stupeur et tremblement, le projet sélectionné, le Jardin, est l'oeuvre d'un architecte musulman Mo(hammad) Khan. S'ensuivront débats, tergiversations, scoops journalistiques volés, jusqu'au décès d'une veuve bangladaise, Asma Anwar, qui avait témoigné en faveur du projet de Mo lors de l'audition publique.

    On entre dans la tête des principaux protagonistes :

    5 titres du menu Gourmet du Bibliodéfi 2013

    - Mohammed Khan, l'architecte talentueux qui croit tant à son projet comme signe d'apaisement et ne veut pas se justifier au protexte qu'il est musulman des influences arabes de ce dernier ;

    - Claire Burwell, la veuve et seule membre du jury à représenter les familles de victimes qui après un soutien sans faille au projet de jardin, laisse le doute sur Mo s'insinuer en elle (suite à une entretien avec Alysa) au point qu'elle finit, dans un communiqué commun avec le Conseil de Coordination des Musulmans Américains, un temps soutien de Mo jusqu'à ce qu'il refuse de participer à une campagne de publicité, par lui demander de renoncer au projet ;

    - Paul Rubin, le président du jury, qui voyait en ce poste un tremplin mais ne parvient plus à maîtriser la situation ;

    - Alysa Spier, la journaliste avide de scoops par qui ne fait qu'envenimer la situation  et est indirectement à l'origine de la mort de Asma Anwar puisque cette dernière rentrait pour son pays à cause de son statut de sans papier et de la révélation du montant de la prime qu'elle avait reçue pour le décès de son mari :

    - Sean Gallager, à la tête des plus virulents détracteurs du projet parmi les familles de victimes, qui existe par cette tentative de rédemption car son frère Patrick est décédé lors des attentats et que lui est toujours là ...

     Malgré le suspens - on a envie de connaître la fin (quel projet sera finalement retenu pour le mémorial sur le site de ground zero, que va devenir Mo lorsqu'il renoncera à sa candidature ...), ce n'est pas un roman qui m'aura fait lutter contre le sommeil pour arriver jusqu'au dénouement près de 20 ans plus tard.

    N° 5 : Les arbres ne montent pas jusqu'au ciel de Marianne RUBISTEIN (ALBIN MICHEL - 22 août 2012 - ISBN : 978-2226242983 - 208 pages)

    5 titres du menu Gourmet du Bibliodéfi 2013

     

     

    Journal de bord, sur un an, de Yael, la quarantaine, universitaire, abandonnée par son ami la veille de l'entrée en maternelle de leur enfant.

    Bof ... d'autant que les disgressions sur la littérature ou l'économie (que Yael enseigne)ne rendent pas, loin s'en faut, l'ouvrage plus captivant que l'interrogation centrale de la crise de la quarantaine ...

     


    votre commentaire
  •  Paroles toxiques, paroles bienfaisantes de Michel LACROIX

    Editions Robert Laffont - 10 novembre 2010 - ISBN : 2-221-11352-7- 156 pages

    Sous-titré l'éthique du langage, Michel LACROIX nous y fournit quelques repères historiques et des règles pratiques pour mieux communiquer au quotidien.

     

     

     

    Quelques citations

    •  "Les mots sont comme des cailloux qu'on jette dans un bassin : même le plus petit d'entre eux provoque un frémissement à la surface de l'eau." (p. 10)

    • "Les paroles sont les briques de l'âme." (p. 49)

    • "Avoir une identité, c'est à la fois être mis en mots par les autres, et se mettre en mots." (p. 50)

    • "L'éthique contemporaine est une sorte d'ellipse, car elle a [...] deux foyers [: ...] l'action [... et] le langage." (p. 62)

    NB : L'éthique de l'action, qui apparaît à partir de la fin du XVIIème sièècle, voile l'éthique de la parole jusqu'à la fin du XXème siècle.

    • "Les mots sont le ciment qui fait tenir la société." (p. 114)

    Les 8 règles d'or de la parole éthique (synthèse personnelle des pages 63 et suivantes)

    1. La parole doit être polie (signe de la volonté de faire société)
    2. La parole doit être attentionnée
    3. La parole doit être positive (encouragements permettant à l'autre d'augmenter la confiance en ses aptitudes)
    4. La parole doit être respectueuse des absents
    5. La parole doit être tolérante
    6. La parole est gardienne du monde : la qualité de ma présence au monde se reflète dans ma façon d'en parler (--> devoir d'admiration)
    7. La parole est responsable du langage (adresse le "bien parler" et le respect de la langue maternelle)
    8. La parole doit être vraie (cf. fonction psychologique et relationnelle).

    Attitude à adopter en présence d'un interlocuteur qui me parle de façon non éthique

    1. Eviter la sous-réaction : fuite / soumission qui lui ouvre la brèche pour rester dans ce registre
    2. Eviter la sur-réalisation, l'escalade verbale, conduisant le cas échéant à la violence physique
    3. Oser une parole résistante, en utilisant la technique de la dissociation pour montrer en quoi le comportement verbal est blessant

    Précieux rappels des attitudes constructives pour bien être au monde. Et écho au silence de la parole cher au père Chaminade et à la famille marianiste (avec les silences des signes, de l'esprit, des passions et de l'imagination).

    Paroles toxiques, paroles bienfaisantes de Michel LACROIX Occasion de faire mention de celui qui m'a introduit à ce silence de la parole, et qui me l'a rappelé jusqu'à nos derniers échanges, feu le père André BOULET.Dont un des dessins m'est très précieux ces temps-ci.

     


    votre commentaire
  • http://ekladata.com/JSQZxCnJwwOvjinShVhC3xUXERg.jpgEditions 10/18 - 3 février 2011 - ISBN : 2264051760 - 452 pages

    Dans ce roman, qualifié de thriller historique, SJ PARRIS (son nom de plume), journaliste anglaise au Guardian et à l'Observer, décrit comment Giardano Bruno, loin de son Italie natale, assiste à l'affrontement, à Oxford, des anglicans loyaux à la Reine avec les catholiques. Lui qui fuit l'Inquisition catholique au regard de ses idées (en avance de phase) sur l'univers doit remonter des informations au conseiller de cette dernière.

    De l'histoire - la grande et les petites, des atmosphères, des descriptions précises (de la vie intellectuelle de l'époque et du raffinement des tortures ou choix des modes d'exécution choisis). Une ville dominée par la crainte, avec ses indicateurs, ses faux-semblants et la peur pour tous.

    Naturellement, j'ai aimé.


    votre commentaire
  • Le sel de la vie de Françoise HERITIEREditions Odile Jacob - Janvier 2012 - ISBN : 2738127541 - 80 pages

    L'anthropologue y décrit tout ce qui fait (pour elle) que la vie vaut d'être vécue. Et cela en réponse / réaction à une carte postale du professeur de la Pitié Salpétrière qui la suit et lui écrit "Une semaine de vacance 'volée' en Ecosse".

    Se laisse lire, mais sans plus.


    votre commentaire
  • Dis-moi pourquoi ? Parler à hauteur d'enfant de Claude HalmosEditions Fayard - 15 février 2012 - ISBN : 2213668310 - 200 pages

    Cette disciple de Françoise DOLTO invite plus que jamais à parler à l'enfant pour le rassurer, lui donner confiance (en lui et en l'adulte) et lui permettre de se construire harmonieusement.

    Point de vigilance toutefois sur la nécessité de leur parler de ce qui les concerne, et uniquement de cela, et avec une langue adaptée (elle évoque "le peuple des enfants").

    Utile.


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique