• Du domaine des Murmures de Carole MARTINEZFolio - 28 février 2013 - 978-2-07-045049-7 - 240 pages

    Ce deuxième roman de Carole Martinez a été couronné de plusieurs prix, dont le Goncourt des lycéens 2011. Il était même en lice pour le Goncourt où il a reçu 3 voix contre 5 pour L'Art français de la guerre d'Alexis JENNI dont l'an passé je n'ai pas réussi à aller au delà des 50 premières pages.

    Je n'ai pas résisté à la tentation de tourner encore et encore les pages de l'ouvrage pour suivre la voix d'Esclarmonde qui résonne encore entre les pierres de la chapelle du château des Murmures où elle a demandé à être emmurée préférant épouser Dieu en ce Moyen Age que son promis Lothaire.

    Pour vous mettre en appetît, voici une interview de l'auteur :

      


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  • Je suis à l'Est de Josef SCHOVANECPlon - 15 novembre 2012 - ISBN : 9-782259-218863 - 256 pages

    Dans cet ouvrage Josef Schovanec nous décrit son quotidien d'autiste de haut niveau, sur un ton plein d'humour. Comme une invitation à comprendre l'autre, quel qu'il soit, dans ses différences et à le respecter.

    Rien que le titre est tout un symbole : détournement de l'expression "je suis à l'Ouest" par celui qui a beaucoup de mal avec les sens cardinaux et dont les parents sont d'origine tchèque.

    Worth to be read ! *

     J'avoue ne pas avoir compris du premier coup tous les clins d'oeil et allusion car sa culture est importante.

    Allez, pour le plaisir deux passages qui m'ont fait plus que sourire, d'où les regards interloqués des gens qui étaient avec moi dans la salle d'attente :

    • "Un autre avantage de l'anxiété pourrait être, à vérifier médicalement, sur le plan alimentaire : économies de Slim Fast ... ! Je crois que je pourrais manger matin, midi et soir dans des chaînes de restauration rapide sans devenir particulièrement gros." (p. 111)
    • "Malheureusement, quand un enfant autiste parle, on ne se pose pas tant de questions. On conclur promptement : l'enfant ne sait pas de quoi il parle, il passe du coq à l'âne, alors même qu'il n'y a ni coq ni âne dans la pièce (je suis parfois moins assertif quant au deuxième animal, d'autant plus que son nom, lu à l'envers, évoque une grande école connue)." (p. 121)

    Et en première approche, vous pouvez regarder cette vidéo où il met en évidence les apprentissages relationnels et sociaux qu'il a dû acquérir pour s'adapter à la vie en société (en "intermittent du spectacle" comme il le dit si joliment) :


    Josef Schovanec par autisme_info31

    * A lire (La conclusion en anglais est un clin d'oeil étant donné que l'auteur parle couramment 10 langues ...)


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  • L'autonomie, mode d'emploi d'Etty BUZYNAlbin Michel - août 2012 - ISBN : 9-782226-241580 - 200 pages

    La psychanalyste Etty BUZYN nous livre son analyse sur l'acquisition de l'autonomie forcée par la société actuelle aux dépens de l'intérêt de nos enfants. Ce livre présente aux parents que nous sommes des clés pour accompagner au mieux leurs enfants.

    De manière simple et avec forces illustrations issues de son expérience auprès des enfants et de leurs familles qu'elle accompagne, Etty BUZYN nous rappelle quelques idées primordiales.

     

    "La vraie générosité envers l'avenir consiste à tout donner au présent." Albert Camus (p. 15)

    "Une mère, c'est celle qui aime son enfant en train de se détacher d'elle." Françoise Dolto (p. 47)

    "Tout enfant ressent le besoin de se confronter régulièrement au désir et à la volonté de l'adulte pour prendre la mesure de son désir propre, une expérience essentielle à la prise d'autonomie. Les interdits auxquels le tout-petit s'oppose cachent bien des promesses, nourrissent ses rêves et suscitent en lui l'effort indispensable pour être sûr de ce qu'il veut. Cela lui permet de se déterminer et de se construire un moi solide. En outre, le cadre ainsi fixé par les parents est profondément sécurisant pour l'enfant : les adultes qui justifient le fait de tout permettre sous prétexte de le respecter contribuent sans le savoir à le mettre dans une situation de toute-puissance trop lourde et angoissante pour lui." (p. 51-52)

    "Malgré cette liberté sans contraintes, l'enfant n'est pas autonome pour autant, puisque l'autonomie s'acquiert dans l'acceptation de certains renoncements au plaisir immédiat, indispendables à l'apprentissage de la vie. L'expérience de la 'castration symboligène' c'est-à-dire la frustration par rapport à la toute-puiussance du désir, reste un passge obligé de tout humain. Tout parent se doit d'imposer ce passage à son enfant, s'il souhaite le rendre tant soit peu adapté à la réalité." (p. 56)

    "En prenant [... ] en charge la fragilité de son environnement, l'enfant s'applique à 'réanimer' le parent défaillant, trop souvent à son détriment." (p. 59)

     "Françoise Dolto insiste sur le fait que 'cette première éducation qui consiste à poser les limites est ineffaçable dans la mesure où c'est elle qui va structurer la personnalité de l'enfant, sa façon d'être dans la vie'. Ainsi, ne pas tolérer chez un enfant un certain degré de désobéissance dans son jeune âge [...] revient à transformer une revendication naturelle du jeune enfant en un renoncement à tout désir ou, à l'inverse, en un désir de transgression remis à plus tard, à l'adolescence - qui peut de se fait se révéler problématique-, et même à l'âge adulte." (p. 75)

    "Jouer reste l'activité vitale de l'enfance." (p. 83)

    "Dans un monde où tout est planifié, y compris la naissance de l'enfant lui-même, ne sommes-nous pas tentés de lui faire brûler des étapes dans un souci d'efficacité ? Plus vite il parlera, plus vite il lira, plus vite il deviendra autonome, et mieux il sera préparé à la compétition qui l'attend. Désir de rentabilité et de perfection fondé sur le naricissisme de certains parents qui exigent du tout-petit une prise d'autonomie de plus en plus précoce, lui déniant de combler un droit essentiel : celui de prendre son temps pour construire une sécurité de base fondée sur son besoin d'amour et de réassurance." (p. 84)

    "Lorsqu'un couple a pris la décision de se séparer, il importe que chacun des parents respecte cette part de l'autre qui fonde l'identité même de l'enfant. Car celui-ci se trouve être constitué biologiquement et symboliquement de son père et de sa mère à parts égales. Si l'un des parents dévalorise son ancien conjoint aux yeux de l'enfant, c'est l'enfant qui se trouve amputé de la moitié de lui-même." (p. 91)

    "C'est bien là le devoir qui incombe aux parents : préserver un espace d'écoute et d'échange suffisant pour encourager l'enfant à s'exprimer librement et à forger ses propres repères." (p. 98)

    "Pour s'épanouir, [l'enfant] doit [...] s'affranchir aussi bien de l'autorité abusive que du laxisme le plus déroutant. Dans les deux cas, il ne se sent pas respecté en tant que sujet et, à ses yeux, sa vie n'a pas grande valeur. Pour qu'un enfant puisse passer par des expériences constructives d'autonomisation et se libérer de la tutelle des parents, il doit pouvoir bénéficier de certitudes sur la place qu'il occupe dans sa famille. Et de la certiture d'être aimé." (p. 109)

    "Un enfant auquel on a donné la liberté d'explorer tout petit son environnement, pas seulement avec ses yeux mais avec toute la psychomotricité dont il est capable, développera sa sécurité de base et une faculté d'initiative incomparable." (p. 113)

    "'Lire avec' c'est 'être avec' et les enfants n'en demandent pas davantage aux parents. Cette formule reste valable pour tout ce qui, dans la vie courante, peut justifier leur présence aux yeux des enfants." (p. 121)

    "Je suggère aux parents d'établir avec leur enfant un contrat qui définisse la position de chacun face aux obligations de la vie quotidienne. l'enfant s'engage à faire ses devoirs avant que ses parents le lui rappellent. Ensuite, il doit les solliciter pour la vérification de son travail. Bien évidemment, cet accord peut être étendu à tout autre domaine qui pose problème, pour encourager l'enfant à devenir acteur de ce qui le concerne, et ne pas subir passivement la pression parentale." (p. 122)

    "Comme une plante qui a besoin d'un tuteur pour pousser droit vers la lumière, mais à son rythme, les parents doivent se poser en tuteurs de leurs enfants. Tant qu'il est dépendant des adultes, l'enfant aura besoin de pouvoir compter sur un cadre nécessaire pour le soutenir et lui permettre de progresser." (p. 131)

    "[La] présence attentive [des parents] représente pour [les enfants] un tremplin symbolique à partir duquel ils peuvent s'élancer, confiants et sécurisés, dans l'exploration du monde et vers de nouvelles expériences. CAr si l'autonomie, cette capacité à faire des choix seul et à utiliser ses propres ressources, ne se décrète pas, elle s'apprend jour après jour en même temps que l'enfant se forge une identité." (p. 137)

    "Forcer un enfant à se conformer systématiquement aux ordres ne peut que générer, à l'âge adulte, une tendance aux comportements stéréotypés. [...] La contrainte gratuite et coercitive, produit d'une autorité arbitraire, fait ed l'enfant un objet manipulable à merci, lui interdisant le droit d'accéder à la compréhension et à la maîtrise de son environnement." (p. 145)

    "Dès sa venue au monde, tout enfant aspire à l'autonomie. L'essentiel n'est pas de la précipiter, mais de mettre l'enfant, au contraire, en situation d'y accéder à son rythme, en donnant des preuves de sa capacité à s'autodiscipliner : seule discipline véritablement efficace puisque motivée par le désir intime de bien agir selon ses propres valeurs, au lieu de simplement obéir à des ordres. Mais entendons-nous bien, ces valeurs, l'enfant les intègre et les fait siennes sous le regard bienveillant de l'adulte, qui au début l'encourage à prendre des risques en évitant de le culpabiliser en cas d'échec." (p. 146-147)

    "Ce que souhaite spontanément un enfant, c'est d'être avec ses parents dans une connivence qui lui permette d'apprendre à 'faire tout seul' dans un espace commun fait de dialogue et d'expériences partagées." (p. 160)

    Vous pouvez entrer dans la thématique en écoutant cette émission de radio France.


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  • Et il dit d'Erri DE LUCCAGallimard - 6 avril 2012 - ISBN : 9-782070-134755 - 103 pages

    Lorsque j'ai rédigé l'article sur la causerie avec Jean-Pierre WINTER j'ai écouté l'émission de France Culture et noté la référence de cet ouvrage, aussi réservé grâce au réseau des bibliothèques départementales.

    Dans une langue poétique et puissante, l'italien Erri De Luca revisite le décalogue, en l'éclairant de sa connaissance de la langue juive. Enrichissant à plus d'un titre. Et émouvant quand il évoque dans le court final, En marge du campement, ses rapports au judaisme : "L'écriture hébraique finit avec : vaiaal, et il monta. En revanche, moi je descends ici." (p. 103)

    Les hommes, les femmes et la transmission

    "Sans mémoire, un homme est un précipice. Le genre masculin doit servir à ça, à transmettre ce qu'il a reçu, à laisser dit. Une femme reproduit le monde avec ses entrailles, il reste à l'homme à se souvenir, ça lui revient. Telle est sa contribution envers les générations." (p. 27)

    Le texte de l'alliance exprime le "tu" au masculin (l'hébreu permettant cette distinction) --> "c'était donc aux hommes qu'il revenait de trabsmettre les clauses et les lignes d'alliance avec la divinité. [...] Du reste, dans leur langue, les mots mâle et souvenir ont la même racine." (p. 47)

    Quelques autres citations, pour le plaisir

    "Celui qui va à travers monts est un vagabond." (p. 13)

    "Celui qui s'approche d'un arbre sait qu'il est enlacé par son ombre. En échange, il donne uune caresse au tronc." (p. 14)

    "La légende dit qu'un ange efface le souvenir de ce qu'un nouveau-né a connu dans le ventre de sa mère [le doigt posé au dessus de la lèvre supérieure, d'où ce creux si caractéristique du philtrum]. Il faut vider son sac avant de naître. Dans le placenta, les enfants connaissent tout le passé, les langues, les aventures, les dangers et les métiers. Leur squelette est devenu poisson, reptile, oiseau avant de s'arrêter à la dernière station. L'effort d'expulsion du corps de la mère sert à oublier. La rupture des eaux ouvre la brèche qui se referme aussitôt derrière, après le plongeon dans le vide. Tel est le monde pour celui qui vient d'un ventre. Le saut dans le sec produit l'annulation de toute la sagesse accumulée dans le sac du placenta. On s'enracine mieux en oubliant d'où l'on vient." (p. 16-17)

    [Le frère de Moise à ce dernier ] : "Tu n'es pas tombé du ciel et la terre n'est pas un endroit pour anges en exil. [...] La terre est notre substance, c'est d'elle que nous sommes faits et d'eau [...]. Tu es de l'espèce humaine, regarde autour de toi et reconnais enfin. La terre est notre hauteur piétinable. [...] Tu es allé bien des fois là-haut pour chercher la limite où la terre s'arrête et je suis venu avec toi. Nous avons la même expérience, le sommet est une voie sans issue d'où l'on doit simplement revenir sur ses pas. Là-haut, la terre n'a rien d'autre à ajouter. On doit toujours descendre, démissionner de la hauteur atteinte. Regarde en bas maintenant, règle ta vue sur la distance courte, retrouve la mesure et la hauteur de la terre. L'élan qui te pousse à escalader les montagnes, à chevaucher les hauteurs est fantastique, mais plus grande est l'entreprise qui consiste à être à la hauteur de la terre, de la tâche de l'habiter qui nous est assignée." (p. 25-26)

    "Les souvenirs appartiennent au règne des oiseaux, ils laisent une plume quand ils s'en vont. Grâce à elle, on sait à quelle espèce ils appartiennent." (p. 29)

    "Un homme qui existe pour soi-même se compare à la divinité." (p. 34)

    Après qu'Eve eut fait l'effort d'aller chercher le fruit de l'arbre de la connaissance sur une haute branche de l'arbre, au lieu d'attendre qu'un fruit tombe, ce qui serait arrivé tôt ou tard, Dieu "annonce [les] conséquences physiques à la suite de l'irruption de la connaissance, qui n'est jamais un tort. L'ignorance est un tort. Et que les phrases dela divinité ne soient pas punitives, c'est ce qu'on trouve écrit ici : 'Et fit Yod Elohim pour Adam et pour sa femme des tuniques de peau et il les couvrit' : le geste le plus prévenant et affectueux, un début de trousseau." (p. 50)

    "Donne du poids à ton père et à ta mère. [...] Lorsqu'ils mourront, tu continueras à leur donner du poids en les nommant dans ton souvenir." (p. 69-70)


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  • Transmettre (ou pas) de Jean-Pierre WINTERAlbin Michel - Octobre 2012 - ISBN : 9-782226-243881 - 175 pages

    Je n'ai trouvé le livre à la bibliothèque que le jour même de la causerie du 6 avril dernier. Du coup, cela m'a laissé la primeur pour l'échange avec Jean-Pierre WINTER. Et j'ai ensuite pu approfondir l'un ou l'autre points qu'il avait moins développé à cette occasion.

    "La prise de conscience d'une énigme aux deux extrémités de la vie [naissance et mort] est contemporaine de l'âge auquel l'enfant apprend à lire. ça n'a l'air de rien, mais il n'est pas indifférent que précisément au moment où il se pose ces questions, ils se trouve confronté à une autre énigme : l'usage des lettres, l'écriture, la lecture." (p. 24)

    "Tout ce qu'un homme doit savoir pour vivre, il le sait déjà. Mais en naissant, il le perd." (p. 28, citation du livre de la Genèse)

    "[Le rôle de l'enseignant ...] c'est de permettre à l'élève de se réapproprier ce qu'il sait sans savoir qu'il l'a oublié." (p. 28)

    "Un rêve qu'on n'interprète pas est comme une lettre non lue." (p. 29, Berakhot 55ab du Talmud)

    "Ce que l'on comprend avec sa seule intelligence n'a pas cet effet [qu'on les mouvements qui permettent de faire entrer les signifiants dans le corps à l'instar des balancements des juifs devant le Mur des Lamentations]." (p. 45)

    "La transmission se fait essentiellement en deçà ou au-delà de la compréhension. Il en va de même pour la lecture : l’essentiel n'est pas de faire comprendre, mais de faire en sorte que les obstacles à la compréhension puissent être levés." (p. 48)

    "Il faut trouver comment faire pour [que les enfants] puissent ouvrir la porte qui est la leur et qui est différente pour chacun d'entre eux dans la mesure où chacun a un Autre inconnu qui lui est propre." (p. 57)

    "Celui qui reprend à son compte sans le savoir la réaction de ses ancêtres se situe à une place particulière dans la fratrie, ou a été investi émotionnellement d'une certaine façon par son père ou par sa mère, ou encore désigné par tel ou tel prénom qui noue la chaîne des générations à ces événements-là. Ce n'est pas prévisible. Mais on peut encore remarquer - et chacun de nous a pu en faire l'expérience - que ce qui se transmet le plus inévitablement, ce n'est pas le bien ou le mal, le bon ou le mauvais, c'est l'angoisse." (p. 90-91)

    "Quelquefois, même un passif, on aurait intérêt à l’accepter. [...] C'est ce que veut dire, à mon sens, le cinquième des Dix Commandements. La traduction admise en français dit : 'Honore ton père et ta mère ...', mais de l'hébreu, on traduirait plutôt par : 'Prends lourdement conscience du fait que tu as un père et une mère, quels qu'ils soient.' Et pourrait-on ajouter : 'Puisque tu les as choisis' !" (p. 110)

     "La responsabilité de la transmission n'est pas le seul fait des parents, [...] il n'est que trop facile de leur reprocher de n'avoir rien transmis." (tourne p. 132-133)

    "Étonne-toi de toi même" - source traité talmudique Pessah'im - 23a (tourne p. 158-159)

    "Évite de te connaître, laisse tes racines cachées en terre." Nietzsche --> "laisse agir tes racines" de l'auteur (p. 168)

    "Transmission et responsabilité coexistent contradictoirement." (p. 174)


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